Mes propositions afin de diminuer les blessés graves ou morts sur notre réseau routier en Guinée : lettre ouverte au ministre des transports

Monsieur le ministre des Transports, Porte-parole du Gouvernement,

Dans un esprit de citoyenneté engagée et soucieux du bien-être collectif, je me permets de porter à votre attention une préoccupation grandissante liée à la recrudescence des accidents de la circulation en Guinée. Ces événements tragiques, souvent évitables, interpellent notre conscience nationale et appellent à une réflexion commune sur les mesures à renforcer pour garantir la sécurité des usagers de la route.

Conscient des efforts déjà entrepris par votre Département, je souhaite humblement soumettre quelques propositions susceptibles de contribuer à l’amélioration de la situation, dans une dynamique de collaboration et de responsabilité partagée.

Aujourd’hui, la Guinée est parmi les pays où le taux d’accident mortel est le plus élevé, c’est de l’ordre de 37,4 décès pour 100 000 habitants (source ONU).
Même avec la création de l’AGUISER (Agence Guinéenne de la Sécurité Routière), le résultat reste inchangé.
A observer de près, on peut bien se poser les questions sur la mission assignée à cette institution, ainsi que la maitrise des enjeux par les responsables de cet organisme.

Créée le 31 janvier 2019 par le décret n°052 de la même date, l’AGUISER ne parvient pas à inverser cette tendance.

L’opinion n’a pas connaissance d’un bilan détaillé des accidents de circulation, qui identifie les causes réelles, les conséquences des accidents et les mesures pour les éviter et/ou d’en réduire les conséquences. Comment allons-nous combattre un phénomène qu’on ignore les causes ?
A mon avis, les causes des maux de notre circulation routière sont connues. A savoir :
– La mauvaise gestion institutionnelle
– Le manque de formation des détenteurs du permis de conduire
– Le manque de contrôle technique efficace des véhicules
– L’état des routes
– Le manque d’amélioration des capacités des agents de la circulation routière…, cette liste n’est pas exhaustive.

Je constate une volonté du CNRD à doter la Guinée de routes, certains chantiers sont exécutés, d’autres en cours, des projets en attentes.
N’est-il pas le moment de penser à réformer tout le système ? pour ne pas que ces routes soient les anges de la mort pour les usagers.

Monsieur le ministre, j’attire votre attention sur les routes chantiers déjà exécutés à moitié ; oui une exécution partielle, parce que certains tronçon manque de signalisation (verticale, horizontale) et celles existantes ne sont pas cohérentes ni continuelles…
Exemple : le tronçon Coyah- Mamou pourtant bitumée, ce tronçon est l’un des plus accidentogène de la Guinée, avons-nous chercher à déterminer les causes ? menons-nous des enquêtes objectives nous permettant de prendre de mesures pour que cela ne se produisent plus ou s’ils se produisent pour en limiter les dégâts ?

D’après mon analyse, l’une des causes d’accidents sur les routes en bon état est l’homéostasie du risque. C’est-à-dire, plus la perception du risque est élevée moins on en prend et moins celle-ci est présente plus on en prend.
La sensibilisation, le contrôle permanent, la répression mais en amont une formation des candidats au permis de conduire ; peuvent permettre de réduire ce phénomène.

Afin de lutter contre l’insécurité routière dans notre pays, vu que le pays manque énormément de réseau routier en bon état et que le réseau existant n’absorbe aucune erreur des usagers. Nous ne pouvons attendre la construction de nouvelles infrastructures (respectueuses de normes sécuritaires) pour commencer à lutter contre cette insécurité routière qui endeuille nos familles, je vous propose certaines pistes pouvant aider à améliorer la sécurité routière.

Vous n’êtes pas sans savoir que pour lutter contre ce fléau, nous devons suivre une certaine logique, dont les experts en sécurité routière ont classé comme suit :
              La sécurité primaire
                    -Homme
– Véhicule
– Environnement (Infrastructure)
              Le sécurité secondaire
                    –Véhicule
–  Environnement 
              La sécurité tertiaire
                   – Étude détaillée des accidents
– L’organisation des secours post accident
– La prise en charge des victimes

Je suis conscient des moyens alloués à la sécurité routière mais peu qu’ils soient, nous avons toujours la possibilité d’en faire un plus chaque année.
Notre pays subit les conséquences du laxisme des autorité précédents en matière de sécurité routière, ce qui nous complique énormément la tâche, parce qu’il faut tout refaire dans ce domaine.

Aujourd’hui, nous sommes condamnés à agir. Nos actions peuvent être la mise en place efficace des deux premiers secteur (la sécurité primaire et secondaire).

Le secteur primaire de la sécurité routières, est le plus important ; car son objectif est de réduire les risques qu’un accident ne survienne en jouant sur plusieurs facteurs et c’est sur les actions de sécurité primaire que les gains en matière de sécurité routière ont été les plus importants dans les pays qui l’ont mis en place et suivi efficacement.

Ces actions sont dirigés vers le système H.V.E ; à savoir :
Le conducteur (l’humain)
Le véhicule
Les infrastructures ( l’aménagement des voies de circulation)

Le conducteur(l’humain) : Le Ministère des Transports à travers la DNTT (Direction Nationale des Transports Terrestres) est l’acteur principal qui nous permettra une réduction des risques en matière d’accidentalité routière en revoyant la manière dont les automobilistes sont formés, dont ils sont sensibilisés aux risques routiers. En responsabilisant le conducteur, la sécurité routière responsabilise également sa manière de conduire.
La réforme du système de délivrance du permis de conduire peut changer beaucoup de choses en matière de sécurité routière, parce qu’il permettra d’avoir des conducteurs avertis, respectueux des règles du code de la route.

Le véhicule : La plupart des actions de sécurité primaire associées aux voitures et aux autres types de véhicules motorisés sont également connues des usagers de la route sous le nom de sécurité active.
En Guinée, la population n’ayant pas les moyens de se procurer de véhicules neufs, il revient aux autorités de surveiller leurs états, par la mise en place de contrôle technique fiable et régulier. Pourquoi régulier par rapport à la moyenne des autres pays ? cette question nous ramène à la troisième action énumérée ci-dessus qui est

Les infrastructures (l’aménagement des voies de circulation) : Si dans certains pays le troisième champ d’action sur lequel la sécurité primaire va intervenir est lié aux infrastructures routières et à l’aménagement de la voirie. Et que l’objectif de ces actions est donc d’installer des équipements et des dispositifs de sécurité, comme des feux tricolores, des ronds-points ou des terre-pleins centrales, afin de réduire les risques que des accidents de la route ne se produisent sur les portions de routes concernées par ces aménagements.
La Guinée doit faire plus, car plusieurs autres facteurs doivent être considérés avant ou en amont, que je vais énumérer ci-dessous :

  • La communication (signalisations horizontale-verticale), la signalisation routière est un outil de communication essentiel entre la route et l’usager : elle donne le mode d’emploi de la route. Elle permet aux conducteurs d’adapter leur conduite aux diverses situations présentes tout au long de son parcours et, par le fait même, de réduire les moments d’hésitation et les fausses manœuvres.
    Ces signalisations doivent suivre une logique fondamentale à savoir être (Crédibles, Uniformes et homogènes, Visibles, Lisibles, adaptées, claires et cohérentes).
  • Les marchands ambulants sur la chaussée et voire entre file de véhicule dans les embouteillages, les stationnements le long de la chaussée, les étalagistes (rétrécissent la chaussée) ce qui crée les zones de conflits et deviennent des zones à risque pour la sécurité routière.

 

  • Les nids de poule et s’ils ne sont pas réparer dégradent toute la chaussée, cette dégradation emmènent les usagers à emprunter les parties non dégrader, l’évitement de ces zones créent tout de suite des conflits entre usagers et même des accidents parfois très grave.

 La sécurité secondaire (V.E) : alors que la sécurité primaire a pour but de réduire les risques qu’un accident ne se produise, la sécurité secondaire quant à elle, a pour objectif de réduire les conséquences de l’accident après que celui-ci n’ait pas pu être éviter.

Les principaux champs d’actions de la sécurité secondaire se focalisent sur le véhicule est les aménagements de voiries. Ils permettent la réduction des dommages suite à la survenue d’un accident de la route.

  • Le véhicule : Dans notre pays, afin de lutter efficacement contre les accidents de la route (mortels ou blessés graves), nous devons appliquer la politique de sécurité secondaire, à savoir permettre de protéger les occupants d’un véhicule lors d’un accident.
    Les mesures de sécurité que nous devons exigées sont entre autres :
  • Le respect du nombre de place assises ; la surcharge est un facteur aggravant des accidents de la route dans notre pays.
  • Rendre obligatoire le port de la ceinture de sécurité pour tous les occupants (le constructeur met des ceintures de sécurité en fonction du nombre de place assise).
  • Le respect du PTAC (poids total à charge) pour les véhicules de transport de marchandise (l’énergie cinétique est proportionnelle à la masse du véhicule), il permet aussi de préserver nos routes.
  • Multiplier le contrôle du port de casque pour les occupants des deux roues.
  • L’infrastructure (aménagement des voiries):
    Même si cela ne relève pas entièrement de votre département, force est de retenir qu’autrefois la signalisation routière relevait de la DNTT. Cette signalisation est aujourd’hui dans les attributions de l’AGUISER.

Dans cette action, il s’agit de remettre en question la manière dont l’infrastructure routière est construite.

-Les obstacles présents sur la route (arbres, panneaux publicitaires, véhicules stationnés…).

-Dans la conception d’une route sûre, les modifications sont nécessaires pour la sécurité des usagers (rendre les carrefours à sens giratoire, construire des chicanes, des écluses), matérialiser les passages piétons…

-Réglementer l’accès de certains tronçons à certaines catégories de véhicules pour prévenir les congestions mais aussi des collisions entre véhicules lourds et légers.

-Installation de glissière le long des zones à risque (ponts, ravins…).

En conclusion, il est de notre responsabilité collective de renforcer la sécurité routière et de préserver des vies humaines. Les propositions formulées ici visent à appuyer les efforts de votre Département et à contribuer, modestement mais sincèrement, à une amélioration durable des conditions de transport en Guinée.

Je reste convaincu que, sous votre leadership, des mesures concrètes et rigoureuses pourront être prises pour inverser cette tendance préoccupante.

Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération et de mon profond attachement aux valeurs de service public.

GUILAVOGUI Cherif Aliou « enseignant de la conduite et de la sécurité routière »

Contact : cherifaliou25@gmail.com
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